Midi Libre : Une motion contre la direction de la rédaction

123 salariés de Midi Libre cosignent une motion dans laquelle ils “tiennent à exprimer leur colère et leur défiance vis-à-vis de la stratégie actuelle de la direction du journal et du management inacceptable, mis en œuvre par le directeur de la rédaction et le rédacteur en chef, qui l’accompagne.” Le texte a été remis en CSE extraordinaire à la direction suite à une AG de la rédaction organisée par Zoom. Midi Libre compte environ 130 journalistes.

Le Club de la Presse reproduit ici ce texte et se tient à la disposition de la direction de Midi Libre pour une réaction.

“MOTION SOLENNELLE

A l’issue de l’assemblée générale de la rédaction qui s’est tenue ce mardi 26 janvier, les journalistes et personnels de la rédaction de Midi Libre tiennent à exprimer leur colère et leur défiance vis-à-vis de la stratégie actuelle de la direction du journal et du management inacceptable, mis en oeuvre par le directeur de la rédaction et le rédacteur en chef, qui l’accompagne.
Les départs contraints de deux de nos collègues, poussés à bout par l’entreprise, en sont la conséquence directe. La question qui se pose aujourd’hui, si rien n’est corrigé radicalement, est de savoir qui sera le prochain sur la liste. Cette casse humaine n’est pas admissible. Le malaise est profond et exige des réponses urgentes, une écoute, des actions immédiates qui ne peuvent se limiter à des actes de contrition ou à une subite bienveillance, suspecte à bien des égards. Car les situations de souffrance se multiplient à travers les agences et services : Mende, Millau, Béziers, Bagnols, Sète, Nîmes, Sports généraux… La diminution constante des effectifs se traduit par une charge de travail toujours plus lourde, le recours à davantage de solutions précaires (CDD, pigistes payés à la journée, contrats pro). Les équipes, fragilisées, tiennent aujourd’hui grâce à la bonne volonté, la surimplication de chacun(e). Elles doivent cependant subir un management rude, vertical, face auquel la contradiction n’est pas tolérée.

L’autoritarisme, l’urgence permanente ne peuvent plus être considérés comme des lignes de conduite acceptables alors que l’humain est relégué au second plan. Une
grande majorité d’entre-nous ressent, au quotidien, un manque de considération, de respect. Celui-ci s’exprime à travers l’absence de politesse la plus élémentaire dans les échanges écrits, les convocations comminatoires du jour au lendemain. Il s’exprime aussi à travers le discours anxiogène entretenu autour des soi-disant mauvais comptes de l’entreprise. Pourtant l’année 2020 s’est achevée en positif pour la SA Midi Libre, en dépit de la crise sanitaire. Le résultat s’avère bien moins catastrophique que celui qui était envisagé au budget initial avant l’apparition de la Covid. Il est le résultat des efforts de tous, à travers les mesures de chômage partiel que nous avons dû subir.

Alors que le budget 2021 prévoit, à nouveau, des départs de journalistes qui ne seront pas remplacés, nous disons “Stop, ça suffit”, il est temps d’arrêter le
massacre. Effectifs, management : l’heure des remises en question à tous les étages de l’entreprise est venue.”