Un cas flagrant d’entrave au secret des sources ? Le 26 juin 2025, Hocine Rouagdia, journaliste Midi Libre à Nîmes, a été convoqué au commissariat de Montpellier par la Division de la criminalité organisée spécialisée. Entendu comme témoin, il s’est vu poser des questions visant à identifier ses sources, à la suite de la publication d’articles révélant des soupçons de malversations autour de l’organisation de corridas dans le Gard.
Cette convocation a provoqué une réaction unanime dans le monde journalistique. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a dénoncé une tentative de contournement du secret des sources, élément fondamental de la liberté d’informer. Le Conseil de l’Europe a également alerté sur cette affaire via sa plateforme de suivi de la liberté de la presse. A ces protestations s’ajoute notre indignation, celle du Club de la presse de la communication du Gard.
Le droit des journalistes en question
En France, la loi protège le secret des sources depuis 2010, sauf lorsqu’un impératif prépondérant d’intérêt public justifie sa levée, dans le cadre d’une procédure strictement nécessaire et proportionnée. Cette protection est également garantie par la Convention européenne des droits de l’Homme. Dans l’affaire concernant notre confrère, les organisations professionnelles estiment que ces conditions ne sont pas réunies et que la procédure engagée constitue une menace pour un principe démocratique fondamental.
L’affaire, au-delà du cas individuel de notre confrère à qui nous adressons tout notre soutien, pose une question de fond : peut-on encore enquêter librement sur des sujets sensibles sans craindre de pressions policières ou judiciaires ? Pour les défenseurs de la liberté de la presse, cette convocation envoie un signal préoccupant à tous ceux et celles, pigistes isolés ou titulaires qui, dans les rédactions et sur le terrain, œuvrent à l’intérêt public.
Pour l’heure, aucune suite judiciaire n’a été donnée à cette audition libre.