La Provence muselée ?

Le club de la presse et de la communication du Gard soutient sans réserve les journalistes en grève de la Provence qui défendent leur liberté éditoriale.

Depuis ce week-end, le quotidien régional fondé en 1997 ne paraît plus en kiosque après une grève illimitée et une motion de défiance votées à une grande majorité (79%) lors d’une assemblée générale du personnel contre la mise à pied du directeur de l’information du journal , la « Une » relatant la visite du Président de la république à Marseille étant jugée ambiguë par leur direction qui est finalement revenue sur sa décision dimanche soir.

Un vote qui reflète la colère et la stupeur : 129 des 163 voix exprimées de la rédaction ont voté pour la grève illimitée vendredi.
Les journalistes dénoncent des pressions politiques et la mise à pied d’Aurélien Viers, le directeur de l’information du journal et demandent sa réintégration , un objectif atteint dimanche soir suite à un accord conclu entre Aurélien Viers et sa direction.

Un titre « Il est parti et nous, on est toujours là… » autour d’une photo montrant deux habitants de la cité, au pied d’un immeuble, devant lesquels passe une représentante des forces de l’ordre en uniforme . Cette « Une » aurait déclenché la colère de Rodolphe Saadé, patron de l’armateur CMA CGM et actionnaire du journal, la jugeant trop complaisante avec les dealers au lendemain de la visite surprise d’Emmanuel Macron dans la cité la Castellane à Marseille. La direction du journal a alors décidé de mettre à pied Aurélien Viers, le directeur de la rédaction pour une semaine qui devait être convoqué dans la foulée à un entretien préalable de licenciement avant un retournement de situation. Il a été réintégré dimanche soir.
Les journalistes de la Provence avaient estimé, eux, qu’il n’y avait aucune faute déontologique.

Un nouveau mouvement de colère des salariés, 5 mois après une autre grève déclenchée par l’annonce de la suppression de 30 postes à la rédaction et 60 au total dans l’ensemble des services.

Le milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé, réputé proche d’Emmanuel Macron, a racheté La Provence en 2022. Il vient d’acquérir Altice Média, la maison mère de BFM TV et RMC.
Restons vigilants face aux ingérences du pouvoir et aux attaques contre la liberté d’informer.
Conformément aux missions du club qui incluent depuis toujours la défense de la liberté de la presse, nous prenons la parole aujourd’hui.
La liberté d’expression est la base de notre démocratie, la liberté de la presse, sa raison d’être.

Et pourtant la menace insidieuse de sa mise en danger s’installe jour après jour.
Qu’un patron de presse condamne le travail de sa rédaction alors qu’il devrait soutenir le travail de son équipe n’est qu’un mauvais exemple de plus!
Et dans le cas de La Provence, c’est un cas d’école.
Il n’existe aucun manquement de la rédaction dans cette «Une » sinon une lecture, une interprétation de ce titre par des politiques ou des lecteurs ?
N’oublions jamais que c’est ce type d’interprétation qui condamne trop régulièrement Charlie Hebdo à se justifier et plus terrible encore à protéger son équipe.

Défendre la presse et bien évidemment aussi la presse d’opinion ce qui n’est pas le cas en l’occurrence de La Provence, un journal d’information et de proximité indispensable, c’est simplement défendre notre démocratie à l’heure où elle est menacée de toutes parts.


Le club de la presse et de la communication du Gard