Feu/Communication : Comment s’organisent les pompiers avec la presse

Les pompiers du Gard sont très sollicités à cause de nombreux incendies qui ont ravagé, en cumul, près de 2000 hectares au cours de 1280 incendies dans le département depuis le début de l’année. C’est plus que toute l’année dernière et plus encore que toute l’année 2019 marquée par l’incendie de Générac qui avait coûté la vie à Franck Chesnau, pompier du ciel. Il y a 3 ans on avait cumulé, sur toute l’année, 2180 feux pour 1550 ha brûlés.

Eric Agrinier, toujours dans le feu… de l’action

Interview avec le patron de la com des pompiers du Gard (Sdis30), le lieutenant-colonel Eric Agrinier, par ailleurs en charge de la citoyenneté mais aussi membre du Club.

Comment est organisé ton service en termes de communication ?

Il y a en fait deux services. L’un est rattaché à la direction du Sdis, et un service audiovisuel qui vient accompagner la com interne, externe et institutionnelle. Ce service réalise notamment des tutos dans le cadre de la formation.

Chez moi, il y a notamment un Community manager, Jerome Puech, qui gère nos réseaux sociaux, mais aussi Jean-Claude Skaff (chef du service audiovisuel) et Cathy Grelu, chef du service com (tous les trois membres du Club, ndlr).

En matière de communication operationnelle, un officier sapeur-pompier est chargé de répondre aux médias tous les jours. Il y a un système d’astreinte 7/7 H24. J’en fais partie.

Est-ce le cas de tous les Sdis de France ?

Non. Tous n’ont pas un service Com et tous n’ont pas une organisation de communication opérationnelle. D’une manière générale, les Sdis du sud-est sont bien organisés en raison des risques incendies et inondations, récurrents sur nos territoires.

Quelles sont vos relations avec les journalistes sur le terrain ? Vous gênent-ils dans votre travail ?

Nos relations sont bonnes ! Et non, les journalistes ne nous gênent pas car l’organisation mise en place permet de mettre à leur disposition les éléments d’information dont ils ont besoin pour faire leur métier. Nous éditons quotidiennement plusieurs communiqués de presse avec des données  fiables et recoupées.  Pour répondre aux interviews et aux besoin en images, nous déployons un pompier communicant sur les lieux d’incendie. Il est chargé d’emmener sur site, quand c’est possible, les professionnels de l’information. Organiser les choses ainsi permet à tout me monde d’évoluer en sécurité et d’obtenir les réponses qu’il cherche. L’objectif est que pompiers comme journalistes y trouvent leur compte. Sur le long terme, cela installe avec la presse locale et les correspondants régionaux une relation de confiance. Tout au long de l’année on utilise, dans le bon sens du terme, cette relation pour faire passer des messages préventifs. Les médias sont plus réceptifs.

Ne pas jetez son mégot par la fenêtre, ne pas fumer en forêt… Pourquoi ces messages a priori simples à comprendre ne sont-ils pas respectés ?

C’est une bonne question… et si j’avais la réponse, on apporterait les correctifs adéquats. En France, le citoyen est éduqué sous la devise de « Liberté Egalité Fraternité » mais il retient surtout la liberté. Et sur cet autel, il considère que ces messages ne le concernent pas… Il faut malheureusement souvent que le citoyen soit confronté lui-même au risque pour se rendre compte de la gravité des faits…

Dans l’Hérault, un pompier volontaire est suspecté d’avoir allumé un feu. Dans le Gard, à Sernhac, c’est une personne en charge de la surveillance des feux qui est suspectée… Comment les pompiers se préviennent-ils du risque d’abriter des pyromanes ?

Avant recrutement, des professionnels comme des volontaires, il y a notamment des entretiens auxquels on intègre un psychologue qui détecte ses profils susceptibles d’être douteux, et pas seulement en termes de pyromanie. Malheureusement, comme dans chaque profession, le risque zéro n’existe pas. 

Et sinon, chez toi, qui s’occupe du barbecue ?

(Rires) Je n’ai pas de barbecue mais une plancha dont je m’occupe personnellement ! Elle est placée  entre 4 murs. Elle est donc couverte et elle se ferme avec un couvercle ! Il n’y a pas de risque d’étincelles. Je dois quand même t’avouer qu’avec toute l’activité de cet été, je ne l’ai pas beaucoup utilisée !