Des journalistes gardois signent un manifeste

Un collectif de journalistes gardois emmenés par Sophie Vaneecke et Eric Félix, membres du Club, propose la signature d’un manifeste sur change.org. Le député du Gard Anthony Cellier (LREM) a manifesté son intérêt pour transmettre ce texte au ministre de la Culture, Franck Riester.

Pour signer c’est ==>> ici

 

Le texte intégral :

 

Covid-19

Les journalistes demandent un plan de secours pour l’information

Parce que le droit à l’information, c’est d’abord le droit d’informer et les moyens pour le faire, nous, journalistes du Gard, attirons solennellement l’attention du ministre de la Culture, des parlementaires et des élus locaux, sur la situation des journalistes dans les médias en région.

Alors que sévissent désinformation, manipulations, fake news, répression mondiale de la liberté de la presse et régression de la place des journalistes au sein des médias, le métier d’informer, déjà mis à mal par des modèles économiques où la communication prend le pas sur l’information, est encore plus fragilisé. La durée de la crise mettra durablement l’information et ceux qui la portent en danger, souvent sous couvert de digitalisation ou de rationalisation alors que l’essentiel reste le contenu

La presse est un lien essentiel avec nos concitoyens qui ont besoin de journalistes professionnels et économiquement sûrs pour délivrer une information plurielle et libre, gage de la santé de la démocratie et du maintien de qualité de l’information.

Alors que la réalité économique des professionnels des médias est souvent très éloignée de ce qu’en appréhende le public, beaucoup ont déjà perdu ou risquent de perdre leur emploi, temporairement ou définitivement.

Nous appelons à des actions ciblées et coordonnées des pouvoirs publics avec des programmes de secours et de relance économiques orientés pour les journalistesqui portent la presse écrite, audiovisuelle, radio et web, en CDI, CDD, ou pigistes.

Chômage technique partiel ou total, annulation de reportages pour les indépendants, équipes restreintes dans les rédactions, basculement vers des services web pilotés par les community managers et le marketing, distribution des journaux et magazines limitée, les risques de précarisation sont immédiats pour nombre de consœurs et confrères. Or, malgré des conditions d’exercice difficiles, les journalistes doivent continuer à travailler et à alimenter les médias pour maintenir un lien avec la population et délivrer une information fiable.

Nous appelons à une sanctuarisation des journalistes et de la presse dans ses spécificités. Les mesures d’aides aux entreprises pour faire face à l’impact social et économique de la crise du Covid-19, réductions d’impôts ou de charges, ne suffiront pas à garantir une pluralité de l’information. Préserver les journalistes en soutenant les entreprises de presse pour ce faire, c’est préserver l’information.

Aussi, nous exhortons les pouvoirs publics, par le biais des syndicats de journalistes et des représentants des organisations patronales, à prendre des mesures pour mettre davantage de journalistes sur le terrain et pour maintenir l’emploi et les compétences de ceux qui font métier d’informer, avec des garanties pour l’avenir.

Nous demandons : un soutien financier direct pour le maintien des emplois dans les rédactions, des facilités de trésorerie pour financer les salaires, une répartition équitable de la publicité publique dans les médias locaux, et à terme, pour favoriser l’information de qualité, des moyens pour relancer le journalisme d’investigation en région (création d’un fonds piloté par les journalistes) et toute mesure visant à soutenir l’information journalistique de qualité en région.

Cette crise frappe particulièrement les indépendants, pigistes, photographes, cadreurs…. Si nombre de médias nationaux ou publics se sont engagés à assurer, à court terme, leurs engagements, et si les pigistes “réguliers” seront éligibles au chômage partiel, beaucoup d’indépendants en région,contraints de travailler sous des statuts “baroques” se trouvent en situation critique, souvent sans recours aux prestations sociales. Nous demandons donc qu’ils soient inclus dans le plan de secours, que le seuil d’accès aux prestations sociales et aux indemnités maladie soit abaissé, que l’accès aux allocations de chômage absorbe l’inactivité due au confinement et que des fonds ou des minima sociaux soient prévus pour les indépendants privés de ressources.

Nous nous joignons aussi à l’appel du monde de la culture, auquel nous sommes liés par les statuts d’intermittents et d’indépendants et avec qui nous partageons le ministère de tutelle. Cinéma (cadreurs, scriptes, scénaristes, acteurs), théâtre, peinture, événementiel, tout le secteur créatif est précarisé comme jamais par cette pandémie. Malraux disait que ” la Culture est l’ensemble des formes d’art, d’amour et de pensée qui ont permis à l’homme d’être moins esclave”. Information et culture sont des piliers essentiels de la démocratie. 

Nous vous saurons gré monsieur le Ministre d’agir vite et avec force. »

 

Le Collectif Presse 30