Jean‐Nicolas et Jean‐Benoit Baylet sont tous les deux soupçonnés par la justice d’avoir embauché des salariés à moindre coût en contournant le droit du travail.
Ils ont été entendus ce mercredi 18 juin par les policiers toulousains de la division de la criminalité organisée et spécialisée à qui l’enquête a été confiée par le parquet de Toulouse, après un contrôle initial de l’inspection du travail en 2022.

L’enquête porte sur « un possible marchandage de main-d’oeuvre ». Elle sera « bientôt terminée et transmise pour analyse et décision sur l’action publique au service de lutte contre la criminalité financière du parquet de Toulouse, qui a suivi toutes les opérations dans ce dossier », a annoncé le parquet de Toulouse à nos confrères du média d’investigation Mediacités.
Une enquête à charge selon La Dépêche du Midi qui se défend auprès de nos confrères dans un communiqué :
« Cette enquête, engagée depuis près de trois ans, se distingue par son caractère à charge, son absence totale de dialogue contradictoire et des méthodes que nous jugeons attentatoires à la liberté de la presse. Nous dénonçons avec force cette stratégie de pression judiciaire, qui s’apparente à une volonté manifeste d’intimider notre rédaction et de fragiliser l’indépendance de notre média. Nous dénonçons cet acharnement disproportionné dont l’objectif semble moins relever de la manifestation de la vérité que d’une tentative d’intimidation », affirme le groupe de presse.
Ces deux gardes à vue interviennent après une perquisition des locaux de La Dépêche du Midi, à Toulouse, le 8 octobre 2024, en présence d’une magistrate financière. Par ailleurs, les présidents de Dépêche News et du groupe La Dépêche ont été entendus les 26 janvier et 2 février 2023, en tant que témoins assistés, en présence de leurs avocats.
Dans le viseur des enquêteurs : L’agence de presse Dépêche News
Créée en 2002 et présidée par Jean‐Benoît Baylet, elle avait pour vocation initiale de produire des contenus pour TF1, Via Occitanie ainsi que le site internet du groupe La Dépêche.
Or, depuis 2017, une cinquantaine de salariés de l’agence de presse travaillent en réalité dans les agences locales de La Dépêche du Midi, sans bénéficier des mêmes conditions salariales que leurs collègues du journal.
La justice soupçonne les dirigeants de fournir au groupe La Dépêche des journalistes employés à des conditions moins avantageuses, ce qui permet au groupe de faire des économies en contournant le droit du travail.
En février 2025, le titre de presse a été définitivement reconnu coupable de co‐emploi et travail dissimulé dans une procédure engagée par une ex‐journaliste. Le titre de presse de la famille Baylet a été condamné à lui verser 100 000 euros. Une décision qui pourrait faire jurisprudence selon le SNJ, syndicat national des journalistes.